GREGOIRE AUBERT
Auteur
DESCENTES
Résumé :
Descentes ou la chute d’une femme dans l’enfer de la prostitution.
Marina est une jeune fille comme les autres. Dans les galères quotidiennes d’une existence banale. Les petits boulots, les fins de mois difficiles, les amours contrariés. Rien de plus. Rien de grave.
Sa rencontre avec un séducteur, faussement prévenant, associée à sa candeur naturelle, vont l’entraîner dans l’univers sombre d’un réseau de prostitution.
Violence mentale et physique, espace clos, horizon bouché, addictions de toutes sortes… Marina oscillera entre révolte, avilissement et résignation. A moins que ne survive l’infime espoir d’une échappatoire.
Et si toute cette histoire n’était qu’un mauvais rêve ?
Note d'intention :
Drame sur la prostitution
pour 2 femmes / 1 homme
+ 12 rôles secondaires (clients) pouvant être interprétés par le comédien
Le hasard m’a mené à rencontrer le mouvement du Nid, association en charge de réinsertion et de prévention autour de la prostitution.
L’idée de pousser un cri d’alarme théâtral m’a séduit immédiatement. Le cahier des charges, forcément lourd, méritait un travail préparatoire afin de ne pas verser dans l’édification indigeste et froide d’un inventaire sans Prévert.
Attention danger et point final ?
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Le premier choix, contestable : refuser d’aller interroger ce monde nocturne, de m’immiscer dans la réalité de ces femmes et hommes qui ne sont ni des cobayes, ni des bêtes curieuses. Question de pudeur ou de respect.
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La priorité : éviter les pièges de la facilité d’écriture qu’un tel sujet dresse devant soi : cautionnement littéraire, provocations vulgaires, recours à la nudité des corps, se limiter à des bribes de vies jetées en pâture à un public voyeur, à la fois gêné et complice.
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La démarche : Des émotions vraies. Une histoire à raconter. Une implication voire une identification possible des spectateurs. Bref, tout ce qui fait la force d’évocation d’une œuvre de théâtre.
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La gageure : Incarner la désincarnation des âmes.
La matière première fut puisée dans un livret de témoignages, puissants et émouvants, crus, sans ambiguïté, très concrets et en même temps, si symboliques. Une idée maîtresse en jaillit. Ces femmes et ces hommes qui ont connu l’asphalte ont tous été marqués par leur rapport mal défini à la société.
Le questionnement sur leur activité est permanent. Est-ce vraiment un métier ? En termes d’identité sociale, la question est posée. Par eux, par leurs clients, par nous tous.
Une des scènes majeures de Descentes à ce titre est un entretien d’embauche. Un rendez-vous professionnel au mot près. Références, recommandations, compétences… Toute la violence de la prostitution résumée en quelques pages absurdes.
Trois personnages :
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Marina, unique et universelle à la fois. Naïve et forte. Décente et piégée.
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Marc, manipulateur cynique. Le mac forcément antipathique mais tristement humain.
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La vieille femme. Sorte de fil rouge gouailleur et désabusé. Ancré dans la poésie des faubourgs.
Cette dernière est un des rouages essentiels. Elle instaure le recul, l’analyse sur les dégâts collatéraux occasionnés par des années de trottoir. Un supplément d’âme vital au propos.
Descentes n’apporte aucun jugement radical mais le seul constat de la misère humaine pris comme source de réflexions.
Qui sont les coupables ? Qui sont les victimes ? Le parcours de Marina, présenté en accéléré, n’épargne pas les clients. Leur ronde fait l’objet d’une autre scène importante. Où l’on constate qu’eux aussi s’interrogent sur le sens de leurs fréquentations tarifées.
Il s’agissait de dresser un portrait global sans concession, sans occulter la sordide réalité du terrain et sa trilogie basique sexe, drogues et alcool. Avec sa part de démesure. Avec son humanité glauque sans cesse remise en cause.
Il s’agissait aussi et surtout de raconter l’histoire de Marina. Une jeune fille simple transformée par une épreuve fondatrice. Elle ne deviendra pas la Jeanne d’Arc des putains. Mais elle incarne une étincelle de vie dans les yeux éteints de ses semblables.
Grégoire Aubert
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